mercredi 10 octobre 2012

Vito l'ami de toujours

" Il y a des sortes d'amitiés que l'absence et le temps ne finissent jamais."
Mme de Sévigné

Le déluge, pastel 1985, Vito Tongiani

Depuis de nombreuses années, la gravure n'a jamais quitté les murs de l'atelier ...

C'est au milieu des années 1960 que Vito Tongiani et Ange Mozziconacci se rencontrent pour la première fois, c'est le temps des premiers pas dans la vie artistique, les premières expositions et le début de leur amitié.
Vito occupe un petit atelier de fortune, plus cabane que construction, dans une impasse qui donne sur la rue d'Alésia vers le métro Plaisance. Ange habite la rue voisine, la rue des Suisses.
Une grille ferme le passage, une allée pavée et fleurie bordée de petits ateliers de bric et de broc.
À côté de l'atelier N°4, il y a celui de Monsieur Arrighi, un Corse, qui est ébéniste, un peu plus loin celui du sculpteur  Sergio Storel. En face, il y a celui, beaucoup plus élégant aux vastes verrières du sculpteur Georges de Boulogne.(je crois me rappeler que c'était l'atelier de Giacometti, Diego, Alberto lui habitait rue Hippolyte Maindron jusqu'en 1966 !)

L'été nous nous retrouvions certains soirs, chacun avec sa chaise pour de grandes tablées de copains
Vito préparait les pasta, rue Raymond  Losserand, chez l'Italien on trouvait le parmesan et le vin pour compléter notre festin ! Autour de nous il n'y avait que des petites maisons, l'immeuble le plus haut
était celui où nous habitions un petit studio.
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître...(bon on va en rajouter
25 ans), car tout le quartier a bien changé et depuis belle lurette ! Il ne reste aucune trace de notre passage en ces lieux !

En 1967, quand nous avons pu nous offrir une petite voiture, une Mini, nous sommes descendus sillonner les routes de Provence, et de là nous sommes partis retrouver Vito en Toscane et découvrir Carrare, c'était la première fois que j'allais en Italie et je suis tombée sous le charme pour toujours.

L'année suivante, Vito était chez lui  à Massa, Paris s'était vidé au mois d'août comme toujours, et c'est pendant son absence que des gros engins sont venus et sont passés sur les petites baraques, aucune rémission, le rouleau compresseur a écrasé, démoli, plus rien n'a existé.

Tongiani a quitté la France pendant un temps. Mozziconacci a quitté Plaisance et a pris un atelier,
 au 26 rue des Plantes en 1969.
Lors d'une exposition au Grand Palais, Vito et Ange se retrouvent enfin, un coup de chance au milieu de la foule, comme s'ils s'étaient quittés la veille ils tombent dans les bras de l'un et de l'autre !

C'est un plus tard, que le Toscano habite à la Ruche, ce qui me permet de redécouvrir le lieu où je jouais quand j'étais petite fille ...



Ma femme rêve, marbre statuaire de Carrare 1979/1982

Malgrado tutto il futuro sarà nostro
olio 1975 collezione privata








Vito a quitté la Ruche et est parti vivre au Maroc pendant un temps, puis il est revenu chez lui en Italie.

Indro Montabelli Milano

 Italy Tuscany, Lucca
Piazza Cittadela
Giacommo Puccini (1994)


Monument to Indro Montabelli
Milano Italy
Sculptor Vito Tongiani 2005

... sans oublier les sculptures en bronze  des Mousquetaires à Roland Garros (1989/1994)
et en collaboration avec Martial Raysse le crocodile en bronze et la fontaine en marbre, à Nîmes (1986/1987)

Des décennies sont passées, les deux hommes se sont perdus de vue, chacun poursuivant sa vie professionnelle, ici ou ailleurs ! L'amitié dans la peinture n'existe pas vraiment, mais celle-ci malgré le temps
est aussi vivante qu'au temps de leur jeunesse. Quand j'ai commencé ce blog, Ange m'a demandé de parler de Vito. En recherchant ses oeuvres, je suis tombée sur un petit film. Le lendemain j'ai téléphoné, tous les souvenirs sont revenus, nous nous parlions comme si nous nous étions quittés la veille ! 

Si vous voulez connaître l'artiste, ce petit film documentaire qui vient d'être projeté dans une salle de Pantin,
Lo Toscano

une photo sortie du passé
Vito et Ange (1966)
Malgré le poêle qui occupe le centre de l'atelier, Vito a froid l'hiver,
sur ses vêtements, il endosse sa robe de chambre, la grosse écharpe rouge
et le bonnet jusqu'aux oreilles !
Ange est bien sapé, il va bosser pour payer le loyer en tant que retoucheur chromiste,
Vito sculpte des angelots et des fleurs pour les pierres tombales !!!
C'est ça la vie de bohème !

 ****

" Si le monde est grand, l'amitié est immense."
Marc Lévy, toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites,2008




6 commentaires:

  1. Une amitié par delà les jours. Ca existe, j'en vis plusieurs, et ce n'est que du bonheur. Ton billet m'a émue : ils étaient beaux, jeunes, bien sûr, mais encore maintenant, dans leur amitié. Bonne soirée.

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  2. Magnifique histoire d'amitié et un billet très émouvant, Dany !
    Connais-tu ce vieux proverbe français : "Vieille amitié ne craint pas la rouille" ?
    Je t'embrasse, très belle journée à tous les deux !

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  3. L'amitié est aussi une forme d'art. La seule différence est que sa durée a celle d'une vie humaine et non les siècles...
    Mais l'art éphémère est aussi un art.
    Je t'embrasse ainsi (avec ta permission) que ton "Ange Corse".

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  4. Une bien jolie histoire d'amitié contée avec le coeur, merci Danielle
    Bisous

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  5. Cette belle histoire tu me l'avais déjà racontée et je la retrouve avec plaisir ainsi que les œuvres de Vito mais j'ai découvert la très belle vidéo que tu as jointe où l'on voit l'artiste dans sa vie et dans l'analyse de certaines de ses œuvres, très intéressant. Cela a du être très émouvant de reprendre contact avec lui. Ce blog est vraiment une très belle idée.
    Bisous à tous les deux.

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  6. Les oeuvres statuaires sont fantastiques ! Je n'avais pas fait attention lors de ma première visite, le groupe des Mousquetaires de Roland Garros est de Vito Tongiani ? Je l'ai toujours trouvé sublime...
    Merci Danielle, bisous

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