Quelques portes parisiennes, ouvertes ou fermées, Mozziconacci nous entraîne dans le Paris d'hier et nous raconte des histoires en bleu....
Le jeu de quilles, rue Jacob Paris VIe
les portes cochères s'ouvrent et laissent voir leurs cours...
... d'autres restent fermées, mais la vie est là, il suffit de les pousser...
3 rue de l'Abbé Carton Paris XIVe
Le courrier, rue Levert dans le 20e
Ailleurs, porte corse ? porte toscane ? porte vénitienne ?
comme il vous plaira....
La chambre de l'étudiant
Le lampadaire
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Le jeu de quilles participa à de nombreux salons et notamment à une belle exposition à Bruxelles,
à la Galerie Présences, avenue Louise, en 1984, " le portraitiste de Paris ".
Voici la présentation de l'évènement :
Il est né en Corse et se prénomme Ange. Il aime, d'un amour angélique, Venise et Paris, deux villes féminines
aux sortilèges inépuisables, dont il laisse à d'autres la gloire de chanter les fastes et la majesté. Vous ne trouverez dans son oeuvre ni la Place Saint Marc, ni celle de la Concorde, mais un coin de jardin, un square exquis, une fenêtre entrouverte, un petit bistrot à l'angle de deux rues, le Ponte del Diavolo ou la Place de Furstenberg.
Peindre une femme en robe d'apparat c'est presque lui faire injure : comme s'il fallait le luxe de la robe et la richesse des bijoux pour faire passer la banalités des traits ou la stupidité du caractère. Mais la peindre en jeans, en vêtements négligé d'intérieur ou de nuit, c'est révéler sa séduction sans apprêts, celle que découvre, avec l'attention aiguë de son coeur et de ses yeux, le vrai amoureux.
Mozziconacci est cet amoureux. Fuyant les beaux quartiers aux façades orgueilleuses, il se coule dans l'ombre des ruelles, se glisse comme un chat dans les impasses, choisit son poste de guet et attend que la lumière, son alliée et souvent sa complice, transfigure l'humble réalité pour la parer de poésie.
Son pinceau précis s'attarde sur une fenêtre, sur une porte, sur les degrés d'un escalier. Et lorsque le décor est planté et qu'un certain Josué moderne a immobilisé, pour lui tout seul, l'errance du soleil, alors commence l'attente. L'attente de quoi ? Mais du rêve, tout simplement. Et c'est une attente qui, on ne sait pourquoi, évoque l'éternité.
Si on ne se lasse jamais d'un tableau de Mozziconacci, c'est que l'aventure attendue, toujours reportée, ne s'y produit jamais. Le sablier s'écoule, silencieux ; et, lorsqu'il est vide, une invisible main le retourne, et l'attente se renouvelle. Un pan de ciel bleu s'attarde sur les toits, un feuillage s'enlace au fer forgé d'un balcon.
Le temps suspend son vol. C'est la minute de grâce où tout peut arriver et que remplit l'inexprimable.
Philippe Cruysmans
critique d'art
R.F.L. Le Figaro