lundi 24 septembre 2012

Le temps suspend son vol ... en bleu

Quelques portes parisiennes, ouvertes ou fermées, Mozziconacci nous entraîne dans le Paris d'hier et nous raconte des histoires en bleu....

Le jeu de quilles, rue Jacob Paris VIe

les portes cochères s'ouvrent et laissent voir leurs cours...

... d'autres restent fermées, mais la vie est là, il suffit de les pousser...

3 rue de l'Abbé Carton Paris XIVe

Le courrier, rue Levert dans le 20e

Ailleurs, porte corse ? porte toscane ? porte vénitienne ? 
comme il vous plaira....

La chambre de l'étudiant

Le lampadaire

*****

Le jeu de quilles participa à de nombreux salons et notamment à une belle exposition à Bruxelles,
à la Galerie Présences, avenue Louise, en 1984, " le portraitiste de Paris ".

Voici la présentation de l'évènement :

Il est né en Corse et se prénomme Ange. Il aime, d'un amour angélique, Venise et Paris, deux villes féminines
aux sortilèges inépuisables, dont il laisse à d'autres la gloire de chanter les fastes et la majesté. Vous ne trouverez dans son oeuvre ni la Place Saint Marc, ni celle de la Concorde, mais un coin de jardin, un square exquis, une fenêtre entrouverte, un petit bistrot à l'angle de deux rues, le Ponte del  Diavolo ou la Place de Furstenberg.
Peindre une femme en robe d'apparat c'est presque lui faire injure : comme s'il fallait le luxe de la robe et la richesse des bijoux pour faire passer la banalités des traits ou la stupidité du caractère. Mais la peindre en jeans, en vêtements négligé d'intérieur ou de nuit, c'est révéler sa séduction  sans apprêts, celle que découvre, avec l'attention aiguë de son coeur et de ses yeux, le vrai amoureux.
Mozziconacci est cet amoureux. Fuyant les beaux quartiers aux façades orgueilleuses, il se coule dans l'ombre des ruelles, se glisse comme un chat dans les impasses, choisit son poste de guet et attend que la lumière, son alliée et souvent sa complice, transfigure l'humble réalité pour la parer de poésie.
Son pinceau précis s'attarde sur une fenêtre, sur une porte, sur les degrés d'un escalier. Et lorsque le décor est planté et qu'un certain Josué moderne a immobilisé, pour lui tout seul, l'errance du soleil, alors commence l'attente. L'attente de quoi ? Mais du rêve, tout simplement. Et c'est une attente qui, on ne sait pourquoi, évoque l'éternité.
Si on ne se lasse jamais d'un tableau de Mozziconacci, c'est que l'aventure attendue, toujours reportée, ne s'y produit jamais. Le sablier s'écoule, silencieux ; et, lorsqu'il est vide, une invisible main le retourne, et l'attente se renouvelle. Un pan de ciel bleu s'attarde sur les toits, un feuillage s'enlace au fer forgé d'un balcon.
Le temps suspend son vol. C'est la minute de grâce où tout peut arriver et que remplit l'inexprimable.

Philippe Cruysmans
critique d'art
R.F.L. Le Figaro

10 commentaires:

  1. Ce sont les "histoires en bleu" d'Ange que je préfère...
    Bisous à tous les deux et très belle journée !
    Norma du matin

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    1. Je le savais, le billet était un peu pour toi, ce n'était qu'un échantillon bien sûr il y en a plein d'autres.
      Bisous
      Dany

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  2. Les portes, toujours à présente dans l'imaginaire et la création... J'aime ici que le numéro de l'immeuble y donne un contrepoint. Mais le bleu gris du volet en gros plant l'emporte!

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    1. Longtemps les portes ont été fermées. Mozziconacci cherchait quelque chose, que lui seul sait ! Puis un jour elles se sont entrouvertes pour nous faire découvrir ce qu'il cherchait...

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  3. Plus bleu que le bleu ....
    J'aime cette fenêtre d'étudiant au store relevé. Mais toutes ses portes sont belles et l'on a envie de les pousser pour regarder derrière, et de rentrer plus loin dans les cours, passer la tête par l'ouverture et s'avancer sans faire de bruit.
    Jolie critique de Philippe Cruysmans. Tout est dit est bien dit.
    Gros bisous à tous les deux. Joli mardi. Mimi

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    1. Mimi, une petite anecdote au passage... À cette époque les portes cochères étaient bien souvent ouvertes, mais il y avait les concierges, qui elles ne laissaient pas passer les curieux ! C'est comme cela qu'un jour Ange s'est fait poursuivre par l'une d'entre elles qui a bien failli lui fiche un coup de balai, mais ce fut à coups de torchon ! Tu vois la photo de Doisneau c'est tout à fait cela !!!
      Un mardi mitigé, un coup il fait soleil, un coup il fait tout sombre, il y a du vent mais chaud !!!
      Bisous
      Dany

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  4. Quelle belle série de portes et de fenêtres bleues ! La présentation du critique est d'une envolée très lyrique et elle souligne fort bien ce temps arrêté, ce silence qui émane si bien des œuvres d'Ange. Ce goût aussi pour les coins au charme discret mais toujours élégant et à taille humaine. J'ajouterais simplement son rendu subtil des matériaux délavés par le temps et ces objets, adossés contre les murs, encore chauds de la main qui les tenait.
    Très bonne semaine à vous deux.

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    1. Marisol, ce n'est qu'un aperçu du moment ! Je ne sais toujours pas par quel bout commencer !!!
      Après les années de jeunesse où les tons étaient plus sobres, en camaïeux, presque toujours les mêmes, la couleur est arrivée, les portes et les fenêtres se sont ouvertes et nous avons pu le suivre dans ses histoires d'amour avec Paris.
      Bisous

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  5. Moi qui adore photographier des portes et des fenêtres me voici gâtée!
    Elles sont tout simplement superbes avec leur jolies couleurs!
    Et j'aime beaucoup le lampadaire!
    Bravo et merci pour le partage.

    ***
    Bonne nuit****

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  6. Devant ces oeuvres, je ne peux que repeter les mots si justes de Philippe Cruysmans : "Le temps suspend son vol. C'est la minute de grâce où tout peut arriver et que remplit l'inexprimable".
    Fascinant !
    Simplement Merci pour tant de beauté.

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